Claude Askolovitch est avec Rokhaya Diallo.
Entre Beyoncé rendant hommage à Josephine Baker et la navrante caricature d'une essayiste par Charlie Hebdo, il y a un monde. Que Riss mène une guerre idéologique et culturelle et qu'il y entraîne son journal, libre a lui. Charlie a suffisamment payé le prix de ce mot, liberté.
Mais cette guerre culturelle devient une méchante étrangeté. Si Rokhaya Diallo se retrouve croquée en danseuse d'une Revue nègre d'il y a un siècle alors que rien ne la rattache a cette histoire, sinon sa peau, c'est parce que ses positions sur la laïcité - ce qu'on fait de ce mot désormais - déplaisent a Charlie et a Riss, qui décident donc de ne plus débattre mais de mépriser la dignité de leur ennemie désignée. J'aimerais savoir quelles limites s'imposent Riss et Charlie.
J'aimerais savoir - par exemple - si le juif français que je suis, parce que réprouvant profondément le harcèlement que subissent les musulmans de ce pays au nom d'une laïcité détournée, pourrait se retrouver un jour croqué en juif errant, en rabbi Jacob, en usurier aux doigts crochus, qui sait ? Sans doute non. Ce que I'on s'autorise a Charlie contre une femme noire, on ne se l'autorisera pas contre un homme juif. De cela -de ce ce que l'on fait a une femme noire, je ne tiens pas quitte ceux qui s'arrogent sans vergogne le droit de se dire Charlie.