Je déteste l'ouvriérisme et les fantasmes sur le prolétariat.
Principalement parce que ces visions enferment les classes populaires dans des oppressions et des clichés néfastes.
Les discours qui bandent le travail difficile, éreintant et avilissant et qui le considèrent comme quelque chose de normal freinent les luttes sociales parce que "Vrai travailleur pue la sueur et doit être fatigué à la fin de la journée". Pourquoi se plaindre d'être exploité'e quand ton exploitation est quasiment naturelle ?
(Et évidemment il y a un énorme fond sexiste, viriliste et validiste)
Ces visions portent également en elles un conservatisme politique insultant : quand on considère que les" vrais prolos regardent les émissions de merde à la tv ou ne comprennent pas les subtilités de l'histoire", on est complètement dans du mépris de classe. On considère que la connerie et la beaufitude sont des valeurs positives et que nos classes sociales ne peuvent pas et ne doivent pas s'ouvrir à moindre idée nouvelle.
À propos du conservatisme lié à l'ouvriérisme, on peut noter qu'il sert régulièrement de pont vers les idées d'extrême droite puisque beaucoup de politiques justifient leur ratissage à droite (et leurs takes puantes) en invoquant des thématiques qui seraient défendus par les prolos.
À noter que même si certaines personnes précaires et prolos participent à maintenir ces fantasmes, ce sont souvent des cadres politiques (donc éloigné'es du precariat et du prolétariat) qui diffusent et défendent cet ouvriérisme passéiste.
Il n'y a rien d'étonnant à voir notre camp social galèrer quand une partie des gens qui le compose (et surtout une partie qui détient les moyens de production de la pensée) refuse qu'on se définisse autrement que par le spectre du travail chiant et nous impose l'anti intellectualisme comme une valeur rebelle.
#Pol #Gauche